jeudi 10 mars 2016

De quelques femmes remarquables - 4

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Voici quatre femmes, quatre personnalités bien différentes, quatre vies « incomparables » … mais qui toutes ont prouvé par leurs actes qu’elles valaient largement les hommes.


Hatsepshout (Égypte, entre 1508 et 1495 av. JC – Égypte, vers 1457 av. JC)



Pendant les 21 années de son règne, elle porte la fausse barbe traditionnelle des pharaons et autres costumes propres à sa fonction, des vêtements d’homme, une armure en métal pour dissimuler sa poitrine… Elle donne à son nom une terminaison masculine, dirige comme un roi et non comme la régente que, en principe, elle était. Son règne, pacifique, se marque surtout par l’importance des expéditions commerciales qu’elle organise en Phénicie (Liban d’aujourd’hui), au Sinaï et ailleurs. Elle a été, lit-on, l’un des bâtisseurs (!) les plus prolifiques d’Égypte. Bref, comme le dit l'égyptologue James H. Breasted, la « première grande femme dont l'histoire ait gardé le nom ». Oui, même si son successeur Toutmosis III eut à cœur d’effacer les inscriptions de son nom sur nombre de monuments, celle-ci tout de même lui échappa, qui dit « Dame de la terre entière, maîtresse du double pays ».


Marie de Gournay (Paris, 1565 – Paris, 1645)


Amie de longue date de Michel de Montaigne, de sa femme et de leur fille Léonor, sa « sœur d’alliance » (d’où son surnom de « Fille d’alliance de Montaigne »), elle publia la première édition posthume des Essais. Elle ne se maria jamais, mais elle voyagea. Et elle écrivit, beaucoup, notamment Égalité des hommes et des femmes (1622) : « L'homme et la femme sont tellement uns, que si l'homme est plus que la femme, la femme est plus que l'homme... » (formulation modernisée) et un bref mais savoureux article, Grief des Dames : « Bienheureux es-tu, lecteur, si tu n’es point de ce sexe, qu’on interdict de tous les biens, l’interdisant de la liberté : ouy qu’on interdict encore à peu près, de toutes les vertus, luy soustrayant le pouvoir, en la moderation duquel la pluspart d’elles se forment ; afin de luy constituer pour seule felicité, pour vertus souveraines et seules, ignorer, faire le sot et servir. »


Madeleine Pelletier (Paris, 1874 – Paris, 1939)


Anthropologue, elle étudie le rapport entre le volume du crâne et l'intelligence selon les théories de Broca, mais rejette rapidement l’idée d’un quelconque rapport entre les deux et refuse par conséquent l’idée alors courante que, du fait même de leur plus petite taille, les femmes seraient intellectuellement inférieures aux hommes. Elle se tourne ensuite vers la médecine, devient la première femme en France à être interne dans un établissement psychiatrique d’État – et s’empresse de dénoncer les internements abusifs. Secrétaire d'une organisation (l’une des plus radicales de l’époque) intitulée La Solidarité des femmes, elle part pour Londres en 1908 représenter ce groupe aux manifestations de Hyde Park organisées par les suffragettes londoniennes. Toujours vêtue comme un homme, mais refusant de faire une demande de « travestissement » aux autorités concernées, elle déclare : « Je montrerai les miens [les seins] dès que les hommes commenceront à s'habiller avec une sorte de pantalon qui montre leur… »


Irena Sendlerowa, dite Irena Sendler (Otwock, 1910 – Varsovie, 2008)


En pleine Occupation, elle s’emploie à faire sortir les enfants du ghetto de Varsovie. Tous les moyens lui sont bons : égouts, ordures, boîtes à outils ou sacs à pommes de terre… elle en sauvera 2500. Arrêtée par la Gestapo, soumise à des tortures qui la laisseront à jamais infirme, elle garde le silence. Condamnée à mort, elle est sauvée de justesse. Soucieuse de voir les enfants récupérer leur identité après la guerre, elle avait constitué une liste de leurs noms et enfoui celle-ci dans une jarre de verre enterrée sous un arbre au fond de son jardin, laquelle fut retrouvée. Elle est reconnue « juste parmi les nations » par Yad Vashem en 1965.


Andrée Yanacopoulo

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