jeudi 6 août 2015

De quelques hommes remarquables

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Platon, dans sa République, prône l’égalité entre les hommes et les femmes au nom de la justice sociale – sans plus. Mais il y eut Aristophane. Et depuis, bien plus tard, d’autres hommes qui, eux, sont allés bien plus loin…



Aristophane (Athènes, vers 445 av. JC – Delphes, vers 375 av. JC)





Dramaturge prolixe dont seules onze comédies sur la quarantaine qu’il a écrites et fait jouer nous sont parvenues, ami de Socrate qu’il ne se gêne pas pour moquer dans ses pièces, il vise avant tout à faire rire, mais sans le vouloir nous instruit fortement sur tous les détails de la vie en Grèce à son époque. Renversant délibérément les rôles sexuels traditionnels de son temps, il nous montre des femmes décidées à tout, qui se révoltent contre la domination des hommes : dans Lysistrata (411 av. JC), elles décident de faire la grève dudit devoir conjugal, s’emparent de l’Acropole; dans L’Assemblée des femmes (vers 392 av. JC), elles prennent de court les hommes et décident dès l’aube des mesures à entreprendre pour sauver la cité; dans Les Thesmosphories (vers 411 av. J.), elles se vengent contre Euripide et sa misogynie… Riez, riez, il en restera toujours quelque chose…


François Poullain de la Barre (Paris, 1647 – Genève, 1725)



Prêtre catholique converti au calvinisme, il s’exile à Genève trois ans après la révocation par Louis XIV de l’Édit de Nantes en 1685 - cet édit qu’avait promulgué Henri IV en 1598 dans le but de mettre fin aux guerres de religion entre catholiques et protestants. Il est convaincu que « l’esprit n’a pas de sexe », que les femmes considérées selon les principes de la saine philosophie sont autant capables que les hommes de toutes sortes de connaissances. C’est ce qu’il développe longuement dans ses ouvrages : De l’égalité des deux sexes. Discours physique et moral, où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés (1673), De l’éducation des dames pour la conduite de l’esprit dans les sciences et la religion, entretiens (1674), De l’excellence des hommes contre l’égalité des sexes (1675). « Jusqu’ici, écrit-il, chez tous les peuples, l’inégalité légale a existé entre les hommes et les femmes. […] Je demande maintenant […] que surtout on me montre entre les hommes et les femmes une différence naturelle, qui puisse légitimement fonder l’existence du droit. »



Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet (Ribemont, 1743 – Bourg-la-Reine, 1794)



Brillant mathématicien dans ses jeunes années (il jette les bases de ce qui deviendra l’analyse statistique, puis publie dans le domaine du calcul intégral des travaux acclamés par ses pairs) il est, vers la trentaine, approché par Turgot et entre en politique. Il va rapidement s’engager dans la défense des Noirs, des femmes, des miséreux, et fait entre autres paraître le 3 juillet 1790 un texte d’une dizaine de pages intitulé Sur l’admission des femmes au droit de cité : « Est-il une plus forte preuve du pouvoir de l’habitude, même sur les hommes éclairés. Que de voir invoquer le principe de l’égalité des droits en faveur de deux ou trois cents hommes qu’un préjugé absurde en avait privés, et l’oublier à l’égard de douze millions de femmes? » « […] aucun individu de l’espèce humaine n’a de véritables droits, ou tous ont les mêmes; et celui qui vote contre le droit d’un autre, quels que soient sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuré les siens. »



John Stuart Mill (Londres, 1806 – Avignon, 1873)



Enfant précoce grâce à l’éducation que lui donna son père, lui-même philosophe et économiste reconnu, il prône la théorie utilitariste de son parrain Jeremy Bentham sous la forme d’une morale qu’il appelle « la théorie du bonheur ». Partisan de l’égalité des sexes, il publie en 1869 un texte traduit en français sous le titre De l’assujettissement des femmes (un temps connu comme De la sujétion des femmes). « Je crois que les relations sociales des deux sexes qui subordonnent un sexe à l’autre au nom de la loi, sont mauvaises en elles-mêmes et forment aujourd’hui l’un des principaux obstacles qui s’opposent au progrès de l’humanité; je crois qu’elles doivent faire place à une égalité parfaite, sans privilège ni pouvoir pour un sexe, comme sans incapacité pour l’autre. » « […] l’opinion favorable au système actuel, qui subordonne le sexe faible au sexe fort, ne repose que sur la théorie; on n’en a jamais essayé d’autre, et l’on ne peut prétendre que l’expérience, ce que l’on regarde généralement comme l’opposé de la théorie, ait prononcé. »


Andrée Yanacopoulo


2 commentaires:

  1. Ce même Platon disait dans Le Timée : « Ce sont les mâles seulement qui sont créés directement par les dieux et à qui l’âme est donnée. Ceux qui vivent avec droiture retournent vers les étoiles, mais pour ceux qui sont ‘lâches’ [ vivent des vies sans rectitude], on peut supposer avec raison qu’ils ont acquis la nature des femmes à la seconde génération. Cette régression peut continuer pendant des générations successives à moins qu’elle ne s’inverse. Dans cette situation, ce sont évidemment seulement les hommes qui sont des êtres humains complets et qui peuvent espérer l’accomplissement ultime ; ce qu’une femme peut espérer au mieux est de devenir homme »

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    1. Vous avez tout à fait raison. J’ai seulement voulu souligner l’effort de Platon pour imaginer une République « idéale ».

      Andrée Yanacopoulo

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